Porte de Montreuil : un autre projet, plus écologique, est possible
La porte de Montreuil – ouvrage urbain qui date de l’inauguration du périphérique – rassemble l’ensemble des désagréments d’un urbanisme du tout voiture datant d’une époque pompidolienne aujourd’hui révolue.
Son rond-point central suspendu, la séparation entre Bagnolet et Montreuil d’un côté et Paris de l’autre par un « no man’s land » inhospitalier, les pollutions, etc. donnent à cet espace tous les atours de la relégation.
Depuis maintenant 20 ans, pas moins de quatre projets successifs de requalification de cette porte parisienne ont été esquissés.
Les besoins sont connus : renouer Paris et Bagnolet Sud-Coutures/Montreuil, construire des cheminements apaisés, retrouver des lieux de convivialité ou a minima des lieux non hostiles, lutter contre les pollutions atmosphériques et sonores …
Or un projet récent envisage de démarrer en 2024 la requalification de cette porte, sur une dizaine d’années, en y construisant environ 40.000m2 de bureaux dont un bâtiment-pont suspendu au-dessus du boulevard périphérique. Ce projet daté, porté par Nexity avec le soutien des groupes socialistes et communistes au conseil de Paris, est un projet anti-écologique, coûteux pour la ville de Paris qui braderait les terrains dont elle dispose pour permettre ces nombreuses constructions.
Ce projet, qui ne correspond pas à une vision écologiste de la ville, est notamment combattu par les organisations écologistes telles que Greenpeace, Extinction Rebellion, Alternatiba, les Amis de la Terre, etc.
Plusieurs aspects de ce projet posent en effet question :
– il s’agirait d’un projet très long, plus d’une décennie, pour construire en quantité ;
– il conduirait à construire des bureaux alors que nombre de bureaux sont déjà vides, que la crise sanitaire a remis en question les espaces de travail, et que séparer Paris de sa banlieue uniquement par des bureaux crée un fossé entre les territoires ;
– le projet prévoir de couler une dalle de béton au niveau du rond-point arceau central pour construire dessus, alors même que des aménagements légers sont possibles ;
– quant aux puciers, bien connus sur le secteur, le projet les dirige en rez-de-chaussée d’une future galerie commerciale, destination qu’ils refusent ;
– enfin, ce projet mettrait en péril de nombreux arbres existants sur place
A rebours de ce projet daté, un projet moins coûteux, plus léger, faisant place notamment à l’économie sociale et solidaire, nettement moins long à bâtir et centré sur les mobilités apaisées est en train de se dessiner. Ce contre-projet est porté par les élu.e.s écologistes et les associations environnementales. Il mérite d’être considéré afin de permettre que la requalification aboutisse rapidement, mais pas en bradant une porte qui doit rester un espace vivant et non une artère de bureaux vitrés. Il serait par exemple possible de s’inspirer de la porte de Saint-Ouen et de sa future halle gourmande et festive.
Ce jeudi en Conseil de Paris le débat reprendra sur l’alternative au projet porté par la Maire de Paris. Bagnoletais et Montreuillois doivent pouvoir peser dans la co-construction d’un projet alternatif.
Edouard Dénouel
