Bergerie des Malassis : universitaires et politiques, venez donc à Bagnolet !

Des universitaires, des politiques viennent de publier une tribune au journal Le Monde (jeudi 26 août 2021) soutenant le projet de ferme-école dans le quartier des Malassis, à Bagnolet. Nous les apprécions et nous les lisons de longue date pour certains. Nous regrettons qu’ils n’aient pas pris la peine de venir nous rencontrer, comprendre le long cheminement qui conduit au conflit dont ils ont eu échos par l’association Sors de terre. Et aussi : visiter les jardins potagers sur la couverture de l’A3, le potager expérimental de la rue d’Estienne d’Orves, les magnifiques réalisations des Serres Volantes, le terrain d’aventure de La Petite Plage, la Recyclerie de La Noue, les occupations temporaires des tours Mercuriales, Verdragon, la Maison de l’écologie populaire, les jardins dans les cours d’école, la mise en place, avec ténacité, d’un service public territorial de l’eau, le lancement de l’alternative végétarienne quotidienne dans les cantines, etc. Puisque les villes dont vous êtes maires nous sont citées en modèles, Anne Hidalgo, Eléonore Moncond’hui, Nathalie Appéré et Eric Piolle, venez visiter Bagnolet, nous n’avons pas honte de ce que nous y faisons pour l’écologie et nous serons contents d’échanger avec vous ! Nous pensons même qu’une ville pauvre, bétonnée, polluée mais riche de ses habitants, de ses associations et de ses services publics peut expérimenter les voies vers la résilience et la sobriété en ayant toujours la justice, le partage et le souci des plus vulnérables en tête. Bagnolet vient d’accueillir 119 réfugiés afghans et compte de nombreuses initiatives solidaires. Nous en sommes fiers.

Nous, écologistes de Bagnolet, membres du mouvement citoyen Bagnolet en Commun, d’EELV pour certains et élus pour quelques-uns d’entre nous, souhaitons apporter quelques précisions à votre tribune. Nous aimons la bergerie des Malassis et nous voulons la préserver, aux côtés de la future école, sur la même parcelle. C’est ce que prévoit le projet actuel.

Nous avons bataillé pour que soit abandonné le projet initial de construction de deux immeubles, pour végétaliser l’ensemble de la parcelle autour de l’école, pour gagner en désartificialisation des terres, pour garantir à l’association Sors de terre de retrouver un terrain de même taille, jouxtant la future école, pour penser avec le berger la future organisation de la parcelle, avec l’école, le jardin arboré public et la future bergerie.

Nous avons trouvé en arrivant en mairie un projet déjà voté (à l’unanimité du conseil municipal de 2018 auquel nous n’appartenions pas) et un concours d’architecture ayant déjà eu lieu (auquel participait la directrice de l’école qui est signataire de cette tribune). Cette unanimité reposait sur un long travail avec l’association Sors de Terre pour pérenniser la bergerie qui occupait provisoirement un terrain, la déplacer sur une autre parcelle, améliorer les bâtiments pour les animaux, et reconstruire une école plus grande pouvant accueillir dix classes de maternelle et non pas cinq, ainsi qu’une crèche. Le terrain (en pied d’immeuble, dans le même quartier en renouvellement urbain) avait été trouvé à quelques centaines de mètres. Et une subvention avait été votée (360 000 euros) pour permettre la construction de la future bergerie. Quelques temps après ce vote, l’association Sors de terre est revenue sur sa décision et a demandé le maintien de la bergerie sur la même parcelle. Nous avons soutenu cette démarche et nous avons alors repensé, dans le cadre de nombreuses réunions de concertation, l’agencement de la future parcelle avec la nouvelle école, l’abandon de la construction d’immeubles, la future bergerie et un jardin. A aucun moment il n’a été question de faire disparaître la bergerie mais seulement de la déplacer de quelques dizaines de mètres. Reprendre le projet à zéro comme le suggère cette tribune poserait deux problèmes : l’impossibilité d’ouvrir la nouvelle école à la rentrée 2023 et le coût financier des pénalités de l’annulation, des nouvelles études de sous-sol, du nouveau concours d’architecture. C’est un risque qu’une ville comme Bagnolet, à la situation financière des plus fragiles (ville la plus endettée de France) ne peut pas prendre. Un dessin architectural, aussi séduisant soit-il, n’est pas un projet financé et réalisé dans les temps ! Dans le cadre du renouvellement urbain, plusieurs immeubles de logements sociaux ont été construits dans la rue même de l’école Pêche d’or et dans le quartier des Malassis et la démographie scolaire augmente de façon importante. La nouvelle école Pêche d’Or, avec ses dix classes, doit donc impérativement ouvrir à la rentrée 2023. Sa construction s’inscrit dans un projet pluriannuel d’investissement pour les écoles de la ville très contraint par la dette accumulée. Le projet alternatif évoqué dans la tribune ne propose, pour sa part, qu’une école temporaire, sans en indiquer ni la localisation ni le financement et reporte l’ouverture de la nouvelle école, au mieux à la rentrée 2025. Quelle ville de Seine-Saint-Denis, demanderait aujourd’hui à l’Éducation Nationale, le report de plusieurs années, de l’ouverture de cinq classes d’une école maternelle ?

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